JOURNAL D'ÉMOIS

mercredi 2 décembre 2020

Pas dans ma dentelle-poésie dédiée à Marie-Françoise Taggart

photo par Sylvain Gougeon aka l'aRteur
série May-Day-2018

si belle soit ta poésie homme TNT

ne puis subir un cri de plus de ta bouche


ce que ton père t'a fait

est vieux de décennies

quitter le fiel que tu déverse sur celles

qui osent aller t'aimer tel quel...

serait une bonne idée de départ

puis, une bonne thérapie

gestion-colère

avant qu'un drame

plus grand que Mature

ne t'enchaîne, ne t'enlise


nan, t'aimer tel quel

n'est point acceptable


3 prises au bâton

tu me connais...

beaucoup j'aime le base-ball

et Out est parfait

après 3 essais à la batte

des hurlements et coups de poings

sur la table de l'hôte ou la tienne


three strikes and it's over

OUT

my living body


oust oust hourra


L'autre soir après le jam, mon amie Erica me témoignait

son cauchemar vécu, son incroyable calvaire de femme

brisée par la violence physique de son premier chum.

Deux ans de temps la pauvre sous ses coups et cris.


Puis, les jours suivants,

de fils d'actualités

en aiguilles à coudre la catalogne

le film percutant nommé ''Transfert''

vu la nuit dernière


et tantôt, ce témoignage bouleversant

racontant l'extrême brutalité que Mister Vent

aura fait subir à Marie-Françoise

l'indifférence inhumaine de la communauté littéraire,

et des médias de tout acabit.


Ma foi, mon feu

quelles braves femmes nous sommes.

Tenons-nous debout

tissons toutes maintenow

des mots pour Marie-Françoise

un contre-poids à l'indigne indifférence


et, si belle soit la poésie

que l'on voit d'abord en tombant

sous le charme d'un homme TNT

il faut la fuir et savoir chaque fois l'éviter

quand elle frappe à nouveau à notre porte

avec un autre nom et un autre visage.


La colère explosiVe aisée

est un indice précieux

l'impatience extrême aussi

l'irritabilité

les cris nés aux petits riens

le jeu du dernier mot vouloir gagner

à tout prix tout le temps

l'insistance des textos

qui n'en finissent plus d'apparaître

même si on dit : silence j'écris, je dors, je vis

coups de fil incessants

les impudiques suivre partout dans la maison

sont également bons indices

qu'il y a dépendance maladive,

potentielle jalousie ne tarderait à venir

nous séparer-isoler des amiEs,

de la famille, des gangs de chums

nous punir souvent de longs silences

armés de regards assassins.


suis victime solide, ayant échappé

à un épouvantable viol

années 1980...

à la sortie d'un squat où un tatoueur me tatoua

en fugue depuis mes 14 ans.


deux gars de 20 ans

moi 15

camionnette Econoline bleue marine

tôle frette et rouillée en arrière

des bouteilles de grosses bières vidées

gun pour l'un, le conducteur

couteau près des narines et sur la gorge

pour l'autre, le passager

tout à tour des heures durant

s'échangeaient et pénétraient

tous mes orifices


ai gagné car je n'avais pas peur

donc pas de cri ou de regards affolés

qui puissent

stimuler suffisamment leur bibittes à verge

mats mous

vits vils croches et poches

mats puants les tempêtes

et le ventre de d'autres femmes

passées passagères avant moi


ai pu regagner l'avant du véhicule

où confiante j'étais entrée

me disant que des jeunes comme moi

nunca ne pourraient me faire mal,

qu'ils me donneraient un lift

jusqu'au 97 Est rue Laurier

où j'habitais alors avec des amis.


ai profité d'une lumière rouge

pour sortir, les jeans au bas des genoux

ai traversé la rue Sherbrooke que je reconnaissais,

pour entrer dans le taxi que venaient de prendre

3 hommes dans la trentaine


ils ont pris soin de moi

m'ont couvée au chaud dans un lit propre

c'était une chambre toute blanche, je me souviens,

lumineuse, sentant bon et frais.

n'ai jamais revu ces anges samaritains

ni pu les remercier. un avait une voix

qui résonne encore, dont le timbre est folklore

yeux bruns, le visage abîmé par des cicatrices d'acné.


si jamais ils se reconnaissent ici,

il me plairais de les remercier

avec du son dans la voix et un bon thé

merci oui, pour votre bienveillance, votre bonté immense


ce réconfort apporté par des Mâles

tout de suite après l'horreur

aura fait la différence, sur le reste de mon parcours

le sais car n'ai jamais cessé 

d'aimer les hommes, de les chérir tellement.


pendant 1 an et demi,

aurai imaginé, chaque seconde où je ne dormais pas

et dans mes cauchemars aussi,

les pires façons

de me venger

aucune torture n'était censurée

quand... sous mes bottes d'armée

aux caps d'acier

en ai capturé un : le passager.

ce qui s'est passé est surprenant

une phrase est venue m'habiter :

la Vie s'en chargera.


tant de fois ai regretté

de lui avoir laissé la vie sauve

pas pour ma propre vengeance,

mais par peur

pour mes sœurs

mes nièces

mes filles

mes amies

mes petits-enfants

mes arrières arrières petits-enfants

toutes

symboliquement venues

me faire craindre

le pire pour elles.


3 commentaires:

rainette a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit...

C'est émouvant Nina ! P-e qu'il n'attaquera plus personne le passager. Fallait aussi penser à toi. Pas juste aux autres. Moi chanceuse, rien ne m'est jamais arrivé et pourtant ça aurait pu !J'étais tellement imprudente à 17 ans. Heureuse de savoir que maintenant tu t'occupes des femmes, ça met un baume sur tes souvenirs , j'en suis sûre. J'ai lu la lettre de Marie-Françoise aussi, c'est épouvantable ce qu'il lui a fait subir et surtout que tous aient protégé l'abuseur, Monsieur Vent lui -même. Et l'autre personne dans une chambre voisine qui ne faisait rien....misère.

Prends bien soin de toi, la vie est courte!

Rainette xxxx

Nina louVe a dit...

salut Rainette,

ouf, à la lecture de la lettre de Marie-Françoise, j'étais stupéfaite qu'on ait pu ainsi l'ostraciser.

mon feu, la vie est longue même si le temps passe vite = + -

ai eu un retour courriel de Marie-Françoise :-) lui ai répondu par un long poème que je m'affaire à l'instant à publier.

bon mardi Rainette