Photo par Nina louVe, 2019
Sabots d'heures
Dédié sororalement à Lubna
Fallait juste laver les yeux. Il fallait juste un orage. Une grosse pluie et du tonnerre.
Des éclairs, un déluge pour se rincer de ce désir.
Laisse-moi juste terminer cette censure,
à laquelle je m'échine
avait dit Sara à son chien,
qui ne cessait de vouloir jouer.
Les monstres saboteurs
sont les pires ennemis des muses,
mais ils sont vrais.
Ils arrivent par centaines
faire des trous de mémoire
et du charabia de temps en temps,
et souvent placides et dangereux
ils dorment sous les lits
des adultes mal assoupis.
Ce sont des montres
qui viennent sacrer et maudire.
Diantre! que je les connais.
Je pourrais épeler le prénom de chacun
avec une calligraphie de taverne
écrire un à un leur NON ...
noms burinés sur un mur
mûrs pour un graff.
Ces heurts sabots d'heures
viennent jouer dans les culottes
y retirer tout désir plausible.
Peler leurs nombre
Épeler leurs prénoms
ancre rouille
encre noire
des desseins
de runes de cavernes
ON SAIT TOUS
reconnaître les effluves
de leur maudite haleine, à 2 mètres comme à dix.
Ils étaient mille à mes dix ans,
cent à mes vingt ans,
trente trois quatre cent
fendus en quatre à mes trente ans.
Là ? Il n'en reste que dix ou douze.
Mais ils sont dangereux. Très !
Les plus gentils auront péri au combat de la louVe.
Ceux qui restent sont les tyrans impitoyables
Et même si on s'en méfient,
ils entrent dans tous les pores de notre peau,
dévisagent sans vergogne notre âme.
Ils sont forts !
Ils attrapent les luettes
et les triturent
en tonitruant un vacarme de silence,
mettent à quia une - p a r - une
les poésies et les musiques.
Comprendre
qu'ils sont encore plus terribles
que les petites peurs de l'enfant
qui craint l'obscurité. ils sont plus noirs qu'Orphée qui se retourne
pour regarder sa douce et qui en meurt.
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