Suis née
francophile,
Pondue dans un nid
de neige,
Sous le vent, en
pleine tempête
Dans notre Bleu
Pays
Avant même que l’on m’enseigne l’alphabet.
Enfant, le joual ?
Carrément interdit.
De toutes parts,
elles et ils
M’enseignaient la
langue française
Avec grande
rigueur.
Africations,
mauvaises liaisons
Faux accords et
Couacs
On savait très
bien me les reprocher...
Aoutch !
Ma feue mère ne
supportait aucune faille.
Même qu’il m’était
formellement - interdit-
de jouer avec
Nathalie
la sympathique et joviale voisine
de la rue Rockland
parce qu’elle
disait ‘’icitte’’ ‘’litt’’ ‘’toé’’ pis ‘’moé’’.
./././././././Rock……land././././././
Comme si Outremont
N’avait pas le
droit d'accueillir
la joie d'une enfant
Aux accents de mélasse,
de famine et
d'usines.
Quelle tristesse ma cabane de riche
Bourrée bourgeoise la madré mama mia,
Tours et détours dans le petit milieu d'artistes
un brin trop snobs ensemblés
Ces féministes et activistes
Les elles pucelles
et les ils bien bandés
Pour la cause de la prose.
Oh ! un grand foin
dans le nez
...mia moi enfant
au piano blanc...
je rêvais de leur
mettre dans les narines.
Quelle réserve
doucement, aurai tissé
contre cette exagérée autorité
rigide et vile par
ces actions incessantes.
Sur mon visage...
une ribambelle de giroflées
un jardin de ces
fleurs
aux cinq pétards sur mes joues.
Puis, vinrent les
bonnes sœurs
Au pensionnat oui,
s’y sont mises aussi.
Contre les
magnifiques couleurs des sacres
Niet Nina ! Tous
tes Mea Culpa
Ne te suffiront
pas.
Niet Nina ! Tous
tes Mea Culpa
Ne te suffiront
pas.
Absolument pas
possible de les souffler
ces sons beaux
rêches et rauques,
pas même les mains
sur mes cuisses,
sola mia, ravie,
sous les draps dans le dortoir
les pupilles
fixées sur mon doux émerveillement.
././././ À l’autre
siècle ././././
Elles en soutanes
grises, le jour le soir
Faisaient
d'inutiles tours de garde.
Dogme inefficace
Car nunca
domptable, mâtable,
Ni gourouïsable,
la fillette d'espoir.
Liberté de penser,
D’ores et déjà intouchable.
Alors donc, à
force de jouer
à mutisme et bouche cousue
Ai appris le
Braille,
à le lire sur les frissons de ma peau.
Par instinct, il a
fallu
rester sensible et alerte
aux odeurs et
saveurs
les chercher dans
l’herbe,
du haut des pins
dans lesquels
fillette je
grimpais
encore encore
plus
haut toujours
Mettre sous roche
les sons de la maison.
Ceux des creux de
chaudrons
des disputes,
des
liaisons impossibles
de ces adultes
et me réfugier au
bord et au cœur
des lèvres de la plage
les pieds et les
hanches
dans le lac sauvage,
je pêchais,
pècherais, péchais.
Fallu voir vite
dans la nuit des étoiles.
Dessiner sous mes
mains des lettres
sur mon tambour de
peau
faire des sons,
des soupirs heureux.
Fallu deviner les
cachettes possibles,
/.... les
dé-trouver ..../
Seule, comme une
grande ourse.
Allez ! opérer
rapido
ici en occident et
partout sur la petite planète
déguster la langue
et ses accents suaves. Oui.
Le temps était
complice de mon enfance
Pour construire la
belle forteresse de silence.
Dire oui, non nan
nenni
parfois... peut-être,
s’il le fallait.
Le toucher et
l’ouïe s’amusaient
... à devenir si
braves, si forts ...
Et là est né
ce désir immense
et tellement confortable
de m'amuser avec
les sons et les langages
qui font du rythme
et du sens.
Phonologie.
Suis née francophile,
avant même
que
l’on m’enseigne
l’alphabet.
Née dans la neige
sous le vent,
en pleine tempête,
à l’autre siècle,
dans notre Bleu
pays.
Née d'une mère
fille fille mère
bannie d'avance
Par ces
catholiques
exploiteurs sans vergogne.
Pour la langue
101 fois j’ai
remercié ce bill protecteur
le mot Camil rime
avec Laurin
Beau comme un
pétale venu éclore
Drette au bon
moment
quand le souffle
allait manquer de temps
et le gaz s'évaporer
''Ok shut up- stay cool & still,
Keep quiet you quebekers in October crisis
Prisons and guns comes in your houses.''
Maintenow me voilà
Femme embrassée
par sage et sauge
Heureuse
polyglotte à la joie contagieuse
Exilée des
égo-trips de ceuz
qui tricotaient la marquise dorée.
! Maintenow !
Sage et sauge,
sous pseudonymes scellés,
Discrète joueuse
non authentifiée.
La langue,
Celle de ta
bouche,
Celle de mon
ventre,
De ta nuque,
De mes jambes,
Celle de mes dix
fois dix doigts + 1
La parlerai comme
à l'Est
La chanterai avec
moult respires.
Avec des musiques
du Nord du Sud de l’Ouest
La monterai avec
des images et scanderai sa beauté
Oh que nunca le désir
des langages et des sons
Ne me quitte.
Et diantre !
St-Toc si c’était le cas un soir...
Devrai retourner
au trécarré,
Faire jachère, bis
bis.
Bises, brises.
Nul lieu, même pas
elle _"_ l'inquiétante absence
L’amnésie de la minute qui vient de mourir
N’ira lasse
m'éteindre.
Ne puis accepter
oublier tout
tout des syllabes
des voyelles
et des consœurs
consonnes.
Disfruta idiomas
Née Francophile, i’m a green fog
Kiss me maintenow